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Les yogis ont les cheveux longs 06/03/2012

« Il étendit une forme de main et me prit par une mèche de cheveux ; l'esprit m'enlève entre ciel et terre. » Ézéchiel 8-3.

 

Dans la plupart des traditions autour de cette planète, on envisage la tonsure comme une mort symbolique ou encore une castration consciente ou inconsciente. Est-il sérieux de se poser cette question qui peut, à la première réflexion, apparaître épiphénoménal ? Le yoga est suffisamment vaste pour ne pas s'attacher à quelques détails... Néanmoins, si nous aspirons à nous unir avec le Tout, alors chaque partie, si elle révèle son sens, permet progressivement d'envisager et de comprendre la cosmologie. En dehors des avadhûts, « ceux qui ont dépassé », nous avons tous des expressions physiologiques, émotionnelles, vestimentaires, posturales, culturelles ou pathologiques... qui témoignent de nos limites. L'actualité et l'histoire de l'humain sont jalonnées de sens cachés ; l'analyse et l'observation anthropologique des cheveux et autres poils permettent une lecture de la conscience. Si ! Que vous lisiez cet article avec le sourire ou avec sérieux, n'engendrera pas de répercussion karmique, alors détendez-vous et profitez pleinement, que vous soyez glabre ou barbu, tonsuré(e) ou chevelu(e)... de ces quelques observations.         


C'est du chignon de Shiva que naît le symbole de fécondité que représente «Ganga», le fleuve Gange, qui libère des vieux karmas, des péchés lorsqu'on s'y plonge. Ganga efface les vieilles mémoires. Le cheveu renferme en lui les traces de notre histoire. Aujourd'hui, lors de certaines investigations, notamment pour des raisons de santé ou de justice, on analyse les cheveux et on découvre vos consommations licites ou illicites, vos périodes de forme ou de stress ; on découvre si vous avez traversé un choc émotionnel, une période dépressive, il y a six mois, deux ans ou huit ans par exemple, juste à condition d'avoir des cheveux pour pouvoir faire au microscope cette analyse. C'est aussi pour cette raison que l'on va chez le coiffeur : on change de tête, on se régénère, on efface les traces anciennes ; comme un rite de passage on offre ses cheveux pour changer d'état. Lors des rites funéraires en Inde, les enfants, après le décès d'un parent, se rasent la tête ; souvent le fils aîné après la mort du père. La transmission du souffle (de l'énergie vitale) se matérialise aussi par la tonsure.


L'Ancien Testament raconte l'histoire de Samson qui perd sa puissance lorsque Dalila lui coupe ses longs cheveux (castration). Dans le mythe de Die Lorelei, le Rhin naît des cheveux de cette femme. Les femmes soupçonnées d'avoir couché avec les nazis durant la seconde guerre mondiale étaient rasées sur la place publique (mort symbolique). Les Kamikazes japonais étaient tonsurés lorsqu'ils décidaient de s'écraser avec leur avions sur les porte-avions américains. Le maître en art martial qui décide de se faire Hara-Kiri (enfoncer le sabre dans Nabi chakra pour mettre à mort le Ki) coupe sa tresse et la dépose à la place de son sabre juste avant l'acte. Les Amérindiens, qui ont toujours porté les cheveux longs, redoutaient doublement le scalp car ils considéraient que Manitou (Dieu) tire l'âme du mort par les cheveux, donc plus les cheveux étaient longs...  Si l'Indien était scalpé, non seulement celui-ci mourrait physiquement mais aussi spirituellement car Manitou ne pourrait plus faire monter l'âme vers lui. Dans l'ensemble, les apôtres de la liberté ont eu les cheveux longs. De Vercingétorix au Christ, il y a toujours eu conflit dans les représentations. Les Gaulois comme Astérix et Obélix portent des tresses à la différence de leurs envahisseurs qui sont castrés : les Romains et leur représentant Jules César. Merlin l'Enchanteur et tous les sorciers, chamanes, druides, guérisseurs, phytothérapeutes des temps anciens jusqu'à aujourd'hui ont laissé barbes et cheveux,  tandis que leurs persécuteurs, seigneurs et représentants   de   l'Eglise étaient tonsurés.

 

Tout comme des millions d'Hindous   offrent   leurs cheveux à la divinité du temple pour  se   libérer  du   Karma, les Musulmans,  lorsqu'ils deviennent Hadj lors du pèlerinage à La Mecque rasent tout ce qui dépasse sous le calot. Le couvre chef (kippa) chez les Juifs laisse souvent dépasser deux grandes mèches spiralées (payos) pour respecter la Torah ainsi que le port de la barbe.  Quant aux adorateurs de Krishna, ils laissent la tresse à l'occiput. Dans   nos   campagnes, lorsque la jeune fille avait ses premières menstruations, on coupait sa tresse et lorsque la vieille femme quittait son corps, on gardait sa natte. Dans le mouvement baba-cool (père tranquille) les hommes et les femmes portaient les cheveux longs et des couleurs car ils véhiculaient l'espoir. L'idéologie « Faites l'amour pas la guerre » (yoga), opposée à celle de ceux qui partaient tuer leurs frères au Vietnam pour des questions géopolitiques et de business de ventes d'armes, était symbolisée par cette rupture en apparence avec le militaire qui, lui, a toujours été tonsuré. Vous pouvez remarquer la coupe de cheveux des Skinheads, fachos et autres néo-nazis ou supporters de foot, comme au PSG, chez les hooligans anglais ou autres tifosis italiens, c'est toujours l'idéologie militariste et guerrière - et non pacifiste - qui est représentée. Voici encore quelques exemples significatifs : sous la domination anglaise, les Irlandais portaient les cheveux longs en signe d'insurrection. Au Moyen-Age les cheveux courts étaient associés à la servitude et aux paysans, les chevaliers et les notables portaient les cheveux longs soit naturels soit en perruques, la femme adultère était tonsurée en signe de punition. Les Sikhs gardent la puissance dans la barbe et les cheveux, comme les héros de la mythologie grecque (Zeus, Poséidon). Dans le film Midnight Express, le Suisse toxicomane demande au héros du film pourquoi celui-ci se rase le crâne. La réponse qui est donnée est celle-ci : « pour ne pas oublier que je suis prisonnier, mes cheveux repousseront en même temps que ma liberté. » Le Bouddha portait le chignon (comme Shiva) et ses disciples dans le peuple, les cheveux longs, comme les Tibétains ; ses disciples dans les ordres monastiques ont le crâne rasé ou, chez les moines errants, des dreadiocks. Ceux qui sont dans les ordres, comme les lamas, sont tonsurés car ils sont morts quant à leur vie sociale et maritale ; ils ont perdu leur nom lors de l'initiation et ainsi ils affichent cette mort symbolique par leur tonsure. Milarepa, et les autres grands représentants de la lignée des Bouddhas, ont les cheveux longs en locks ou en chignon.  C'est l'héritage du yoga et des sâdhus qui se  rasent  la tête  le jour de l'initiation (hommes & femmes) et laissent barbes et cheveux pousser jusqu'à ce qu'ils quittent leur corps. La théorie d'une utilisation de son véhicule (corps) et de son esprit, comme bon vous semble dans un souci de liberté et d'harmonie, s'est toujours confrontée à l'idéologie militariste : mise à disposition de son corps et de son esprit et « soumission » au service d'un système aux dépens du libre-arbitre. Le légionnaire est celui qui porte les cheveux les plus courts, puis viennent les militaires, paras et autres gendarmes, enfin la police et tous les représentants du système. La longueur des cheveux est relative à votre implication en termes de liberté avec le système, avec l'Etat.


Ce sont les coolies indiens qui, en remplaçant la main d'œuvre des esclaves noirs dans les champs en Jamaïque, après l'abolition de l'esclavage, ont amené depuis l'Inde une partie de l'idéologie rastafari, l'autre influence étant éthiopienne. Les esclaves étaient tonsurés contre leur assentiment dans un souci d'uniformisation et de neutralisation de la personnalité. Le mouvement Rasta, avec le port des cheveux en dreadiocks, devenait représentatif de la liberté retrouvée, comme le quatrième âge de la vie chez les Hindous symbolisé par Sannyâsa qui laisse chez l'ancien, chez le retraitant, barbe et cheveux.  Chez nous aussi, en Occident, quelques anciens qui luttent pour le droit, affichent cette différence - Albert Einstein, Hubert Reeves...

Chez la femme, l'acte de relâcher sa longue chevelure est souvent interprété comme un relâchement des inhibitions, un signal de disponibilité sexuelle (Inde, Maghreb...). C'est une des raisons pour laquelle les hommes vont se couper les cheveux en quatre pour inviter la future partenaire au point qu'ils en arrivent à être maladroits et que leur proposition soit tirée par les cheveux. Dans ce cas là, il ne leur reste plus qu'à se faire des cheveux blancs. Néanmoins, l'habit ne fait pas toujours le moine et si John Lennon et Bob Marley ont espéré la paix, certains crânes rasés l'ont voulue aussi, comme Gandhi (qui a fini par mourir assez tôt socialement ainsi que maritalement, puisqu'il observait brahmacharya avec sa femme) et sa Sainteté le Dalaï Lama qui reste glabre en tant que représentant politique et spirituel du Tibet. Mais les deux sages ne sont pas libérés de l'emprise politique...

 

Dans une moindre mesure on retrouve un peu de cet univers paradoxal chez les Punks. En effet, après la mise à mort du mouvement de Flower Power (yoga ?) par les services secrets américains qui ont utilisé les drogues chimiques (cf. LSD et CIA de Martin A. Lee et Bruce Shlain) pour neutraliser l'espoir chez les jeunes qui revendiquaient la paix, l'amour et la joie, certains de ceux-ci se voyant détruits de l'intérieur par leur propre nation ont créé le mouvement Punk qui affiche l'idéologie « No Futur » et ont quitté les fleurs, les couleurs, les cheveux... les plantes... la nature pour s'autodétruire à la face du monde en gardant la crête sur la tête pour que Manitou ne les oublie pas et en se tonsurant sur les côtés comme les guerriers iroquois. Ainsi, dans leur désespoir et leur vision très lucide de l'avenir (puisque celui-ci est orchestré par les états vendeurs d'armes pour entretenir le conflit), ils ont choisi l'auto annihilation. Par ailleurs, les représentants de la Chambre des Lords qui jugent et statuent, portent des longues perruques pour faire semblant d'être des sages alors que sous les apparences... J'ai moi-même été tonsuré deux fois. La première lorsque les militaires m'ont subtilisé un an de vie et la seconde volontairement lorsque ma fille est née ; je suis alors mort à mon état de jeune homme et né à mon état de père. De plus, les cheveux ont une fonction de protection du bulbe rachidien contre le froid vif et le fort soleil ; ils agissent comme un chapeau et, comme tous les poils, permettent un meilleur échange (prânique) avec l'environnement extérieur.

Les yogis considèrent leurs cheveux comme des antennes cosmiques. Les cheveux contiennent de la silice ; c'est un des éléments qui permet de capter les vibrations, les ondes et les fréquences du monde extérieur et de favoriser la diffusion des vibrations du monde intérieur. C'est vrai que les humains qui utilisent le téléphone portable ne vont pas chercher à exacerber leurs capacités d'émission et de réception, d'autant plus que l'environnement est saturé par ce type de fréquences. Mais les anciens Rishis télépathes recevaient leurs mantras par leur chignon, comme une antenne. Dans le Vasthu-shastra, l'onde de forme, la conscience du Temple, l'ancêtre du Feng Shui, utilise, comme le tipi amérindien, la complémentarité des deux énergies Shiva/ shakti, le phallus et le cercle ; tout comme la posture de Padma-âsana avec le chignon du bouddha qui vient parfaire la géométrie de l'âsana.

 

Plus près de nous, dans le film Avatar de James Cameron, le peuple bleu de la forêt porte les cheveux très longs et transmet l'énergie ainsi qu'une communication télépathique avec les animaux montures par les cheveux. On notera que là encore les envahisseurs ont la coupe Gl's... En fnde, fe port des jatti-jatta (tresses faites de mèches de cheveux emmêlés), ancêtres des dreadlocks, accompagne la vie du sâdhus et des sâdhvis... (De sâdh, mener au but) et celui qui vit la sâdhana (même racine, succès, réussite, le chemin du succès qui conduit à l'émancipation de la conscience), a les cheveux qui sont roulés dans le sens giratoire (rotation dans notre système solaire). La jatta indique l'adhésion à des règles spirituelles et sexuelles spécifiques établies il y a plus de deux-mille ans par des écrits philosophiques, le Naradaparivrajaka upanishad. Considérées comme une volonté divine issue de la mythologie de la création décrite dans les traités, les mèches enchevêtrées sont le symbole de l'alliance entre les sâdhus et Shiva. Les mèches sont portées à la manière des divinités vénérées : six mèches pour Skanda, par exemple, ce qui correspond à une mèche pour chacun des visages de la représentation etc...


Les porteurs de dreadlocks rendent hommage à l'individualité libérée par une explosion organique de cheveux en liberté. Après les Rishis et comme les Nazaréens à l'époque biblique, les Rastafariens se considèrent comme des « élus ». Voués à une existence pure et simple, les Nazaréens avaient juré de ne pas se couper les cheveux et se reconnaissaient donc à travers leurs mèches enchevêtrées. « Aussi longtemps qu'il sera consacré par son vœu, le rasoir ne passera pas sur sa tête, jusqu 'à ce que soit écoulé le temps pour lequel il s'est voué à Yahvé, il sera consacré et laissera croître librement sa chevelure. » Livre des Nombres 6.5 Le signe le plus distinctif du rasta est ses dreadlocks. Selon le père Joseph Owens, auteur de « Dread : thé rastafarian of Jamaïca » : « les dreadlocks en particulier sont considérées comme un lien vital avec les temps anciens, car elles symbolisent l'aspiration de l'homme à retrouver le mode de vie simple de la création... Les dreadlocks et la barbe sont le signe de l'alliance entre Dieu et son peuple. Elles symbolisent le refus des rastas de rompre avec leur mode de vie naturel et ancestral. »  C'est exactement ce qui est entretenu par les sâdhus et les yogis traditionnels de l'Inde. « Un homme qui coupe ses cheveux est comme un arbre sans feuille ». Proverbe rastafarien.


Voici un témoignage de Ramchander Das, sâdhu en Inde : « Je suis un tyagis, celui qui a renoncé à tout, celui qui croit en Vishnu, le dieu Soleil, le roi guerrier plein de miséricorde. Mon gourou me donne la connaissance, je suis la voie de mon maître. Je porte la jatta à la manière du gourou. Un gourou va aller au ciel ; lorsqu'il mourra, je me couperai les cheveux, je me couperai les ongles des mains et des pieds. Lorsque l'enfant naît, les cheveux apparaissent. » Quand un sâdhu meurt, les gens transportent son corps jusqu'au fleuve. Ils l'entourent de pierres et attachent ses cheveux à ces pierres. Puis, ils l'emmènent en bateau et jettent son corps dans le Gange. Ou bien quand un sâdhu meurt et qu'il est livré au ghâts de crémation, il est tiré vers les cieux par ses jattas. Enfin, il est clairement écrit dans la Bible qu'aucun peigne, aucun rasoir ne doit passer sur le corps des justes. Il semble qu'aujourd'hui, alors que la mode de l'épilation, le désir de rester un enfant ou bien la peur de devenir adulte envahissent l'Occident, le poil soit mis à mal. C'est Shiva l'androgyne Ardha-nâri-ishvara qui prédomine, mi-homme mi-femme. L'adulte des temps modernes quitte la nature et sa nature pour disparaître sous la peau-lice * ; pour retourner jusqu'au crâne d'œuf. C'est un rite de passage du Kali-yuga qui engendre, comme après une chimiothérapie, l'obligation de la renaissance pour retrouver la vie.


Namah Shivaya


(*) Ce terme est orthographié volontairement ainsi par l'auteur pour faire allusion à la police


Auteur Philippe Djoharikian

Site internet : http://champignonbleu.free.fr

avec l'aimable autorisation de la Revue Infos-Yoga



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