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Autobiographie d'une pilote nonordinaire 05/07/2018

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18 - La vie sattwique en ashram

Parler des mois passés à Bihar Yoga Bharati, c’est un peu comme parler d’un voyage interplanétaire inconcevable, c’est comme si l’on voulait mettre le cosmos dans une minuscule bouteille. Mais ça ne fait rien, essayons…

BYB est la première université mondiale du yoga. Lorsqu’on y séjourne, on se rend compte qu’elle n’a d’une université que le nom et la forme. 

Le fond lui… ah… le fond, semble sans fond…

D’ailleurs y a-t-il un fond ?

Le fond est infini, le fond, c’est l’infini.

Voyons.

Le nom : université de yoga du Bihar. (BYB : Bihar Yoga Bharati, en hindi). La forme : des bâtiments carrés, des professeurs nombreux, indiens et étrangers, une administration aux rouages incroyablement lourds, des étudiants de toutes nationalités et des diplômes reconnus par l’État indien comme faisant partie du cursus universitaire. Le yoga est en effet une véritable science et swami Niranjan, à cette époque directeur de l’université, met tout en œuvre pour le faire savoir au monde occidental. On est bien loin des idées farfelues d’un yogi tout nu sur une planche à clous ! À Munger, le yoga, c’est du sérieux et ça s’étudie.

Cependant, BYB n’est pas une université comme les autres et de loin. Pourquoi ? Le fond justement. Le fond sans fond, c’est la présence du satguru, le maître spirituel. C’est la dimension spirituelle de l’éducation dispensée dans le lieu qui change tout. Car si le travail externe, scolaire est important, le travail interne, travail sur soi, l’est autant sinon plus. Et avoir l’immense chance de pouvoir faire ce travail d’évolution personnelle sous la guidance directe du satguru, c’est un privilège qui n’a pas d’égal sur toute la planète. C’est la clé qui ouvre toutes les portes et apporte tous les trésors. Peut-être ce que l’on appelle bénédiction ?

Le maître spirituel nous donne l’opportunité de devenir ce que nous sommes vraiment. Il nous aide, nous guide, nous tient la main si nous le souhaitons, quand nous le souhaitons, dans ce travail difficile et ardu de nettoyage, de purification du mental, afin de débarrasser de notre être les fonctionnements parasites, les conditionnements obsolètes, pour que se révèle un jour notre véritable nature. Tout simplement.

Tout simplement et pourtant pas si simple ! Car il est un obstacle de taille à l’éclosion de notre être intérieur, c’est l’ignorance de ce que nous sommes. Avidya en sanscrit. Cette ignorance est tellement puissante qu’elle est, selon le sage Patanjali, la première cause de nos souffrances. Alors que notre réelle nature, celle qui dure au travers des vies et des morts, est immatérielle et spirituelle, nous croyons que nous sommes l’ego et son cortège éphémère.

Nous nous identifions au corps physique qui périt, nous nous accrochons aux émotions qui dévastent, nous nous battons pour des convictions qui séparent en pensant suivre notre libre-arbitre. Alors que notre mental, conditionné depuis des lustres, nous mène par le bout du nez sans que nous sachions comment, car nous ne savons pas ce que nous sommes.

Et lorsque nous découvrons que, derrière ces masques, derrière ce voile, existent un univers différent, d’autres dimensions de l’être, impalpables et incontournables, le monde connu dans lequel nous évoluions jusque-là subit des secousses sismiques pouvant occasionner des épreuves cataclysmiques. C’est le chemin de transformation. Il consiste à apprivoiser ego et ses peurs ; il consiste à comprendre le fonctionnement de ce cortège qui l’accompagne, mental, mémoires, émotions etc. afin de le rééduquer, de le reprogrammer selon la connaissance vraie ; alors l’ego purifié, allégé, bonifié, peut travailler en harmonie avec notre nature profonde intemporelle. C’est l’accord, l’union.

Forcément cette route inconnue fait peur. C’est l’ego qui a peur. Car la peur est du registre de l’ego. L’âme ne connaît pas la peur, l’âme est « non-peur » par excellence. C’est au fur et à mesure que l’on avance sur ce chemin illuminé, parsemé pourtant de mille embûches souvent douloureuses, que l’ego s’assouplit et comprend qu’il a en fait tout intérêt à suivre la voie de l’union. Au fil du travail, au fil du temps et grâce au guidage tellement subtil du maître spirituel, les peurs se dissolvent et l’ego se remplit d’une confiance qui pourrait bien s’appeler lumière. C’est ainsi que le voyage spirituel est pour moi le plus beau qui soit. La découverte des trésors intérieurs ne cesse jamais, l’interaction subtile avec ce qui est derrière le voile de la manifestation est constamment présente. À chaque instant si l’on est attentif, de précieux enseignements surgissent qui permettent de capter l’essence de la vie ; cela est une source de joie profonde à nulle autre pareille.

J’ai ce privilège, aussi ma gratitude est-elle sans limite.

*

Pour le moment je ne suis qu’au début du voyage dont je ne mesure même pas l’ampleur et le mental ne manque pas une occasion de réagir fortement selon sa loi de base : « j’aime ou j’aime pas ». Je découvre la vie yogique, dont l’emploi du temps chargé et précis me surprend. Je comprends peu à peu qu’au-delà de la gestion de quelque cinq cents étudiants, professeurs, employés et administrateurs, ce planning dense, vécu avec l’attention consciente qui éloigne toute dispersion, opère, par une alchimie subtile, la transformation ; cela grâce à l’attitude essentielle du karma yogi dont un des atouts majeurs est d’être présent dans l’action sans attachement aux résultats.

Dans le yoga, il est dit que « la fougue, la passion, l’attraction puissante et rapide sont de nature rajasique et vouées à une extinction douloureuse à plus ou moins long terme ». Tandis que « l’attraction modérée, l’action pesée et réfléchie, l’intérêt dénué de passion ou de fougue sont de nature sattwique et ont de grandes chances d’induire un bonheur serein et durable tout au long du chemin ».

Que ma vie ait été jusqu’à présent mue par l’énergie rajasique est une première constatation évidente. D’où probablement les crashs à répétition. Aussi, en tant qu’apprentie yogini bien disciplinée, j’essaie d’intégrer sattwa à ma vie. Ça tombe bien, la vie d’ashram est complètement sattwique : pas vraiment attirante avec des contraintes à tous les niveaux, elle n’engendre ni passion ni fougue et me fait plutôt piétiner d’impatience ou rager d’impuissance. Se lever si tôt, nettoyer les toilettes, les douches, éplucher les légumes, les couper en dés puis en long, et puis encore en dés car les swamis en charge changent d’idées… Et puis ramasser des feuilles capricieuses dans les jardins sans fleurs ou empaqueter des livres dans un local poussiéreux et puis et puis... tant d’actions apparemment sans aucun sens qui me font tourner en bourrique car le mental (qui n’aime pas) râle, résiste et se plaint. Pourtant, lorsque ces résistances lâchent, c’est magique. Tout devient fluide et sattwa prend place. Les questionnements stupides disparaissent, l’action coule sans hésiter. Comme si la vie devenait une évidence limpide. C’est sattwa qui donne cette sensation subtile d’accord, d’harmonie. Fabuleuse découverte !

Sattwa en fait, c’est la qualité d’énergie qui nous permet de voir par la lunette de l’âme, par l’intuition, par le troisième œil, de voir par le silence, de savoir sans avoir appris, de connaître sans avoir étudié. Sattwa, c’est la qualité d’énergie de la pure conscience, au-delà de « j’aime » ou « j’aime pas », au-delà de la dualité. Aussi le travail de l’aspirant yogi est-il de mettre du sattwa dans sa vie, comme un cuisinier saupoudre son plat d’épices savantes…

 Sattwa se trouve aussi dans l’énergie du petit matin, lorsque tout est calme, sous le voile du sommeil enveloppé de rosée : l’immobilité de la création, avant le lever du soleil, avant même que le jour n’arrive. C’est un de mes moments privilégiés : vers 4 heures du matin, les yeux encore dans les rêves, le corps m’appelle pour sortir subrepticement de la chambre et aller vers un lieu secret repéré pour mon sadhana. Alors je marche dans la fraîcheur nocturne en total silence et, bien souvent, je m’arrête, juste pour écouter, juste pour recevoir, juste pour sentir, ce miracle.

Le silence.

Et l’immobilité.

De tout.

Certains matins, je peux même sentir cette pulsation de l’Univers que j’ai pu découvrir par le hublot de mon avion une nuit de vol sur l’Europe. Alors les pétales de fleurs frissonnent, les branches des arbres tremblent, leurs racines vibrent, les étoiles dans le ciel pulsent avec l’éther qui contient tout l’Univers. Je sens la présence qui habite toute parcelle de la création. C’est un bonheur au-delà des mots.

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ICI la suite des extraits.....

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Isabelle  Bacquenois
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