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Relation Guru Disciple l'expérience 16/07/2016

A propos de la relation Guru- Disciple, expérience personnelle.

 

...Tout est dans le Surrender...Ma rencontre avec swami Niranjan, mon maître spirituel

 

Je suis arrivée au yoga par accident si l'on peut dire, lorsque, la quarantaine approchant, ayant pratiqué moult sports à haute intensité, toutes les articulations de mon corps deviennent si douloureuses que je ne peux même plus nager ...Une kinésithérapeute un peu large d'esprit me conseille alors amicalement mais fermement d'essayer cette discipline qui avait, me dit-elle, soulagé grandement les douleurs de dos de son mari.


Auparavant, plus d'une fois ma vie avait croisé le yoga, soit dans un livre, soit par un lieu; mais la vue de ces gens immobiles, assis sans rien faire, ou bien couchés dans une position qui en plus s'appelle le « cadavre » n'a fait que déclencher en moi rejet et fuite… « ah non alors !! pas pour moi ! »


Malgré tout ce jour-là je me présente à la classe de yoga Iyengar à Nouméa en 1998. Et à peine bredouillè-je quelques postures que je comprends à quel point j'ai en fait réellement besoin du yoga pour mon corps.
De plus, il semble bien que cette pratique hors de l'ordinaire, avec son côté exotique, soit ce que je cherche depuis toujours sans vraiment le savoir... Cette première impression, loin d'être démentie, ne fera que se renforcer en s'embellissant au point que rapidement je ne peux plus me passer du yoga.


Bien que menant une vie totalement itinérante de pilote de ligne avec des rythmes de vie complètement irréguliers, je trouve toujours un cours de yoga, du temps pour pratiquer et m'imprégner de ce que je sens déjà comme la Sagesse immémoriale. Dans les centres traversés, je vois bien ça et là des photos de « Maîtres Spirituels » (Gurus), souvent très beaux et inspirants;  j'entends parler de ces êtres apparemment hors du commun... mais çà s'arrête là. Il est hors de question que je donne ma vie (ou mon âme ?) à un de ces êtres, aussi fantastiques soient-t-ils. Bien que je sois déjà consciente d'intenses conflits internes, je me sens tout à fait capable de gérer ma vie toute seule.

Un jour même, à la fin d'un cours de yoga, une jeune femme nous raconte son ardent désir de retourner au plus vite en Inde, car elle y a trouvé… son Guru! Quelle terreur cela déclenche en moi! Je m'empresse de plier bagages et de fuir cette femme maudite en tremblant de toutes parts! 

 

Heureusement ces craintes n'entravent pas ma pratique du yoga qui devient rapidement plus que quotidienne et s'accompagne d'un travail intérieur décapant les mécanismes de l'illusion au karcher.

 

Et bientôt je me retrouve en Australie pour m'y établir. Bien vite je découvre un centre de yoga dont les pratiques me séduisent au plus haut point. C'est un centre Satyananda; je me sens déjà "tomber dans la marmite du Satyananda yoga!"... Et lorsque je découvre une affiche annonçant des séminaires à Melbourne puis Sydney avec un swami indien dont le visage me semble déjà connu, mon hésitation n'est pas longue: je m'inscris aux deux séminaires afin d'écouter le swami au regard droit et profond parler de ce yoga qui me fascine de plus en plus.

 

Ainsi, mue par une force invisible et silencieuse jusque là totalement insoupçonnée de moi, je me retrouve un jour de Printemps 2001 dans les collines de Melbourne, en Australie, dans un vrai ashram rempli de gens habillés en orange avec la tête rasée; et ô surprise je me sens extraordinairement bien.

 

Soudain la venue du swami est annoncée et je me retrouve à quelques mètres de lui. Alors toute pensée rationnelle explose... Mon corps physique restant immobile, collé au sol par les pieds, je vois un « autre moi » courir vers le swami et se prosterner à ses pieds. Tout cela se passe en un éclair.
Le swami m'a vue et me fixe de ses yeux profonds, je me sens transpercée.
Je suis toujours immobile et témoin de tout, sans aucune pensée, sauf une attitude qui déjà se révèle : « J'ai trouvé mon Guru »

Sans avoir jamais cherché, pire sans avoir jamais voulu trouver un guru, voilà que je me retrouve en face de mon Guru. Et je le sais comme si je le savais depuis toujours. C'est incroyable.

 

Les jours qui suivent sont à l'image de cette rencontre fulgurante. Sans pouvoir quitter mon guru nouvellement re-trouvé, je le suis partout, sans parler, simplement en le regardant, en buvant ses paroles, en m'imprégnant de son énergie et de tout son être, comme d'un baume dont j'ai une soif démesurée.

 

Ainsi commence la relation avec mon Sat Guru.


Ou plutôt devrais-je dire, "ainsi reprend cette relation". Car il ne fait aucun doute que cette relation a été initiée dans une incarnation précédente. Et tout naturellement, les âmes retrouvées à nouveau unies dans le plan manifesté, se reconnaissent et savent.

Ainsi sans qu'aucune compréhension intellectuelle n'ait pris place, le disciple a retrouvé son Sat Guru.
Car cette relation se place sur un plan qui n'est ni physique, ni émotionnel, ni mental ou intellectuel, ni même le plan psychique. La relation Guru disciple est une relation entre deux âmes. Tout se passe à un niveau extrêmement subtil dans le silence des âmes, un domaine que d'ordinaire nous ne percevons pas, mais que les Maîtres Spirituels, eux connaissent. C'est l'âme qui m'a ainsi menée à l'autre bout du monde pour retrouver celui que je cherchais sans que j'en aie le moins du monde conscience: j'étais plus préoccupée par la recherche d'un mari!

 

Où sont donc parties mes aversions, mes frayeurs, mes terreurs ?  Elles ne sont pas parties d'un seul coup, non...
Malgré la fulgurante découverte et totale acceptation de mon guru par les initiations successives de mantra diksha, jignasu, puis karma sannyasin, malgré un total et absolu désir de « surrender to guru » (abandon),  les peurs ont dû être nettoyées au fil des années, grâce au travail intérieur, grâce au guru.

Ainsi la relation guru - disciple se renforce-t-elle au fur et à mesure que les peurs se dissolvent.
Peurs dont je comprends que la seule origine est l'ignorance, avidya: ignorance de ma vraie nature.

Avidya est cela qui nous fait prendre le mental, les émotions pour notre vraie nature.

Avidya est cela qui nous fait prendre l'égo, le corps physique pour notre vraie nature.

Or notre vraie nature n'est ni égo, ni mental, ni émotions, ni corps physique.
Notre vraie nature c'est la Lumière qui réside dans nos cœurs.

Mais à cause de maya, l'illusion, à cause du mental et de l'égo attachés aux choses manifestées, nous croyons être égo, nous croyons être nos pensées, nous croyons être nos émotions… Et la lumière reste invisible…


Nous nous croyons libres grâce à ce que nous appelons le « libre arbitre ». Mais en fait nous ne faisons que fonctionner selon une programmation élaborée et accumulée depuis notre naissance et bien avant. Nous nous croyons libres alors que nous sommes enchaînés aux limitations de notre mental formaté qui ne sait pas voir au delà de lui-même, de par sa nature même.
Ainsi, notre soi-disant libre arbitre est-il en fait seulement un choix réactif, conséquence des karmas accumulés, des fonctionnements élaborés au cours de nos vies.

 

Or le guru « celui qui dissipe les ténèbres » en nous aidant à nettoyer le voile du mental, permet au chemin vers la Lumière intérieure d'être réouvert… il permet à la Lumière intérieure de briller à nouveau, cette lumière intérieure qui réside en nous tous et qui est seulement voilée par l'illusion de Maya et du mental.

Le chemin vers notre véritable nature est alors retrouvé.

Ayant compris et intégré que 

« je ne suis pas ce corps,
« je ne suis pas ces émotions
« je ne suis pas ces pensées 
je suis Atma, l'âme...... »


L'on peut enfin s'unir à sa vraie nature, Atma, l'âme, enfin retrouvée.

Alors la vie n'est plus une suite d'actions réactives conditionnées, mais devient une Création épanouie, celle de l'âme individuelle, en accord avec l'Âme universelle.
C'est à cela que peut mener la relation « Guru Disciple » lorsqu'elle est vécue en totale sincérité, avec foi et confiance et aussi persévérance et discipline du côté du disciple.

 

À noter justement que le mot « discipline » si souvent négativement connoté dans notre environnement occidental d'éducation hiérarchique à autorité trop souvent mal placée, fait référence, dans le contexte spirituel, à ce mode de vie suivi par le disciple destiné à son évolution spirituelle. Ainsi la « discipline du disciple yogi » n'a jamais aucune intention de blâme, répression, punition qui sont l'apanage de ce qu'est devenue la discipline en occident...

Et sans cette discipline spirituelle yoguique, point d'évolution spirituelle, car c'est précisément cette discipline qui permet à l'aspirant d'aller au delà des limitations du mental et de comprendre son fonctionnement limité, réactif et binaire: j'aime - j'aime pas.

C'est cette même discipline qui permet au final, l'union à notre vraie nature. On pourrait la définir comme étant "l'art d'être un disciple".

 

Toutefois, discipline ne veut pas dire « obéissance aveugle aux ordres du guru » comme on l'imagine trop souvent. L'anecdote suivante illustre brillamment ce propos et nous montre où mène cette magnifique relation guru disciple:

Dans un centre près de Sydney se tient un satsang, assemblée de sages, menée par mon guru swami N. qui est entouré de nombreux swamis. Des questions sont posées auxquelles tour à tour lui ou d'autres swamis répondent. C'est toujours mon guru qui décide qui répond aux questions.

Une question arrive, à propos de la situation globale mondiale et des dirigeants des états... Question à laquelle swami N. répond amplement. Je n'ai plus guère souvenir du contenu de ces questions et réponses car pour moi l'important est ailleurs, comme on va le voir.

 

Une autre question est lue et swami N. demande alors à swami Yk de bien vouloir répondre.

Celle-ci prend la parole et voici ce qui, en un éclair, se passe :

« Bien, si vous permettez, avant de répondre à cette question, j'aimerais ajouter quelque chose concernant la question précédente...... »

 A peine finit-elle sa phrase que swami N. sur un ton très péremptoire et avec un visage devenu soudain très dur, l'interrompt brutalement en disant :

« Non, swami Yk, vous êtes priée de vous en tenir à la question qui vous est posée. »
Le ton est proche de la colère.

Une vibration étrange se répand sur toute l'assistance.

Je suis très impressionnée.
L'atmosphère est devenue soudain très tendue et calme, comme avant une tempête.
Que va-t-il se passer ?
Il me semble si injuste pour swami Yk d'avoir reçu une telle remontrance devant un public nombreux…

Pourquoi notre guru s'est-il donc emporté de la sorte?

Quelques secondes seulement ont passé. Swami Yk a fait une légère pause, accusant le coup, mais ne s'est pas pour autant laissée dépasser; on a senti une prise de recul.

Puis elle respire et parle :

« Très bien, alors effectivement, .... »

Là encore, le contenu m'a échappé, mais la forme des paroles de swami Yk reste en moi: elle réussit un tour de magie en répondant parfaitement à la question à laquelle swami N. lui a demandé de répondre, tout en intégrant dans ses paroles, et sans que cela sorte du sujet, sa propre remarque, celle-là même qu'elle voulait ajouter à la question précédente.
Ses paroles sont pesées et posées, lentes et sûres, son visage est ferme et serein, elle est confiante et suit sa voie intérieure. On le sent très fort.


Le guru comprend instantanément que swami Yk a parfaitement déjoué le « piège » qu'il lui a tendu.....
Il éclate de rire alors et applaudit vivement à cette intervention magistrale en ajoutant :
« Ah bravo Yk ! puis s'adressant à nous, vous voyez, c'est cela le résultat de l'enseignement en ashram ! »

 

Toute l'assistance éclate de rire et semble soulagée que swami Yk ait su tourner ce piège en démonstration magistrale de confiance et d'assurance...

Et je comprends alors que malgré le ton péremptoire et coléreux du guru, malgré la présence de plus de cinq cents spectateurs devant elle, swami Yk a su « braver » l'instruction du Guru en allant contre la demande, tout en la remplissant pourtant, en suivant son « guru intérieur », sa vraie intuition, sans colère aucune, sans émotion aucune, avec justesse et sagesse, sachant clairement que son intuition serait juste.... par définition même…

 

C'est cela l'éducation spirituelle.
C'est à cela que le maître spirituel « joue » avec nous.
Et c'est à cela que mène le « surrender ».
Car surrender - lâcher prise ne veut pas dire obéir aveuglement à tout ce que nous dit notre guru.
Swami Yk nous en a donné une preuve flagrante et vivante. Et il y en a d'autres.
Surrender passe par une étape d'obéissance, oui, mais ouvre ensuite sur cette liberté, la liberté du vrai « libre arbitre », lorsque Viveka, le discernement est installé, et que l'on sait exactement faire la part du juste et du non juste, tout comme le Cygne sait séparer l'eau du lait.
C'est à cela que mène le vrai lâcher prise.
C'est à cela que mène la « discipline spirituelle ».
C'est à cela que mène la relation guru - disciple:
La Sagesse et la Liberté.

Vraies.

 

Hari Om Tat Sat



Isabelle  Bacquenois
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