Asparsha - le Non Toucher

Traduction :

Mot sanskrit : 'A' est ici utilisé comme préfixe de négation ou d'absence. Sparśa fait référence au "(sens du) toucher". Selon le commentaire sur le Netratantra de Kṣemarāja : un texte Śaiva du 9ème siècle dans lequel Śiva (Bhairava) enseigne la connaissance à Pārvatī tels que la métaphysique, la cosmologie et la sotériologie En conséquence, [verset 8.41-44, tout en décrivant le processus de purification de l'initiat]—“[...] [Il a besoin de se concentrer sur] ce qui est à l'intérieur ou à l'extérieur du corps. Il n'a pas à voir le ciel ou ce qui est en dessous. Il n'a pas à fermer les yeux, ni à les ouvrir. Il n'a pas besoin de s'appuyer sur lui, de manquer de soutien ou d'agir comme un soutien [pour quoi que ce soit]. Il n'a pas besoin de se concentrer sur les cinq sens, ce qui est réel, le son, le toucher, l'essence, etc. Une fois qu'il a abandonné tout ce à quoi il préside, il s'absorbe dans le kevala ».

Présentation :

Dans la posture allongé(e) à plat dos, les jambes légèrement écartées, les bras le long du corps et les paumes de mains tournées vers le haut, il faut fermer les yeux, voir l'espace intérieur et observer le souffle. Il convient d'accepter l'immobilité dans la parfaite inertie du corps et de ses points de contact avec le sol. Il faut laisser aller le souffle, en étant bien décontracté(e) de manière à ce que le ventre participe au mouvement spontané de la respiration.

Il faut ensuite se concentrer sur le sens du toucher et l'enveloppe corporelle. On commence par se concentrer sur la plante du pied droit, par la concentration, il faut apprendre à isoler cette région, et sentir réellement une vibration, une chaleur, de manière tactile et pas seulement de façon mentale. Il faut s'arrêter tout d'abord sur cette simple concentration, jusqu'à déclencher le toucher particulier qui doit se produire à force d'observation, de concentration et de ressenti intense. Une fois le déclenchement de ce toucher, il faut ne plus jamais le perdre, cette sensation va être le véritable fil conducteur de toute la pratique. Il faut ensuite se concentrer sur les orteils, le coup de pied, la cheville de manière à sentir la vibration et le toucher envahir progressivement tout le pied droit. Procéder de même avec le mollet, bien s'attarder sur le mollet, puis le genou, la cuisse et saisir enfin dans une sensation unique toute la jambe droite. Il faut se concentrer ensuite de la même manière sur la plante du pied gauche, procéder de même jusqu'à ressentir un seul et même toucher dans tout la jambe gauche, à l'identique de la jambe droite. Il faut ensuite déclencher cette sensation sur tout le bassin, le bas du dos, les flancs de droite puis de gauche, la poitrine, le dos et les omoplates jusqu'au cou.

Une nouvelle étape importante consiste à ressentir cette même sensation, dans la paume de la main droite, cette région est propice au déclenchement de l'énergie et du toucher tel qu'il est justement recherché dans cette pratique. Ressentir, plus encore, la vibration et la chaleur se manifester dans la paume de la main, afin de lui faire gagner, les doigts, le dos de la main, le poignet, l'avant bras, le coude, le bras jusqu'à l'épaule et enfin voir comme si l'ensemble du bras droit se fondait avec le reste du corps ainsi reconstitué. Procéder de la même manière, sans jamais se presser, avec la paume de la main gauche jusqu'à la sensation du bras tout entier, et de sa fusion avec le reste du corps ainsi reconstitué.

Désormais une seule sensation vibrante, parcourt tout le corps à l'exception du cou et de la tête, procéder donc à l'envahissement de la sensation dans le cou, qui doit s'abandonner et se décontracter à ce seul toucher, continuer avec le crâne, en commençant par l'occiput, le cuir chevelu dans son ensemble, puis le menton, les oreilles, le front, les joues, le nez, et enfin terminer avec la bouche, et les lèvres en essayant de les maintenir unies, dans un contact qui reflète la perfection de cette fusion. Désormais tout le corps est pour ainsi dire complètement reconstitué, ressentir un seul et même toucher sur toute l'enveloppe corporelle, un toucher unique, indéfinissable.

Il faut ensuite s'absorber complètement dans ce toucher unique, il faut essayer de fusionner ce toucher avec le son interne dans les oreilles et la contemplation de l'espace intérieur, il faut ressentir ce toucher comme une sorte de feu qui enveloppe toute la sensation, en un seul et même ressenti, un seul et même goût imprégant aussi bien soi même que tout ce qui est. A ce stade de la concentration plus rien en vérité ne doit être extérieur à ce toucher, il englobe tout ce qui existe, il réside en soi-même, comme dans tout l'univers : le Non toucher.

Enfin petit à petit, il faut revenir à la conscience ordinaire en brisant cette unité, en la fragmentant, en commençant par bouger les doigts de pieds puis les doigts des mains, faire aller et venir le souffle, respirer profondément et recommencer à bouger le reste du corps, s'étirer, bâiller si l'on en a envie, et enfin cesser la pratique.

Auteurs :

Photo : NASA Le nuage de magellan
Commentaires : Michel Chauvet
Composition : Michel Chauvet

Liens :

Yoga Nîmes le site de l'école de Michel Chauvet

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