Vous êtes ici : Accueil YogaNet.fr > Blog Magazine Yoga > Le Mantra est-ce du Yoga ?
 
Le Mantra est-ce du Yoga ? 25/10/2010

Voici quelques années, je fus invité à donner un séminaire sur les Mantras dans un Centre de Yoga du sud de la France. Lorsque l'organisatrice téléphona aux professeurs de yoga de la région, la première réponse étonnée fut : « Le Mantra ? Est-ce du Yoga? »

Il est bien triste de constater que certains professeurs de Yoga ont une si petite idée des origines, de la variété et de l'ampleur des pratiques à leur disposition dans le système qu'ils prétendent enseigner. Si telle est la perception qu'en ont les enseignants, qu'espérer alors pour leurs élèves ?

Bon nombre d'occidentaux, adeptes du yoga, s'imaginent que le yoga consiste presque uniquement à pratiquer des postures de Hatha Yoga. Une seule branche de cette vaste science peut-elle donner idée de l'arbre tout entier ?

Le yoga est un système holistique : les nombreuses formes de pratiques paraissent diverses mais sont en fait complémentaires. Le mot Yoga lui-même signifie: Union avec l'Absolu. Comment ce but pourrait-il être atteint uniquement en pratiquant des asanas ? J'ai rencontré des yogis pratiquant à la perfection des asanas (ou postures) durant toute leur vie. Ils ont pourtant toujours le cœur vide, sont égocentriques, irréalisés et bien loin de « l'unité avec le Divin ». Sans conscience spirituelle, l'asana est un Yoga sans âme.

Pour être efficace, il faut que la pratique du Hatha Yoga soit intégrale. Nombreux sont ceux qui pratiquent le Yoga (ou du moins son aspect Hatha} pour des raisons de santé. Je n'y vois pas d'inconvénient. Les Asanas, peuvent aider le corps et l'esprit à surmonter les maladies physiques et mentales. Demeurer en forme et en bonne santé sera d'ailleurs une des conséquences d'une pratique régulière mais n'est pas le but Ultime du Yoga. Même le mot asana (prononcer « «ahz-na » - avec l'accent sur le premier «a» et non sur le dernier) fait allusion à la direction dans laquelle le Yoga nous emmène. Bien qu'il soit fréquemment traduit par « posture », le mot signifie littéralement « assise ». Ceci indique que, dans la pratique, l'asana est une pose stable ou fixe. Traditionnellement l'asana était la réalisation psycho-yoguique d'une posture. L'aptitude à maintenir aisément une pose fixe durant plusieurs heures et à expérimenter ses effets étaient considérés comme sa « réalisation ».

Quel pouvait en être le but ? Et que pouvait bien faire le yogi pendant tout ce temps ? Assis sans bouger trois heures durant ? La conscience méditative était la clé de l'asana prolongée. Sa caractéristique essentielle était l'absorption totale, tout d'abord dans l'énergie du corps physique, puis dans l'énergie du corps subtil -l'énergie psychique du système des nadis. Par conséquent, la qualité de l'apaisement mental révélait la valeur empirique d'une asana. Les adeptes confirmés atteignaient cette qualité d'attention. Même les novices pouvaient intensifier leur pratique s'ils effectuaient les asanas avec cette compréhension.

Lorsqu'un yogi maintient une pose dans un état de totale immobilité, le mouvement de la respiration ralentit, voire s'arrête. Même le battement du cœur devient négligeable. Les cellules du corps s'unissent doucement dans un « calme psychique » et par conséquent se relaxent. Puis, après une certaine période, les courants psychiques électromagnétiques dynamiques commencent à se répandre partout dans le système nerveux subtil. Le moyen pour accroître encore ces énergies est la répétition mentale de certains mantras. Doucement le flot des pensées diminue et s'affine préparant le mental à l'investigation de la Réalité. Cette Réalité étant au-delà de la conception limitée de notre vision du « monde ».

En comprenant ceci, nous pouvons nous rendre compte que le Hatha Yoga méditatif est un important précurseur des états supérieurs de la pratique. C'est un tremplin grâce auquel il nous est possible de nous immerger dans la « Supra-conscience ».

Nous avons besoin de cultiver et de nourrir chaque niveau de notre être - et c'est ce que fait véritablement le Yoga. Quand le prâna, ou force de vie consciente est déployé dans le corps, c'est la Nature Suprême qui est à l'œuvre. Il peut arriver qu'une série spontanée de postures se déclenche, sans intention consciente, et nous serions insensés de tenter de lui faire obstacle. Cela ne se produit généralement qu'après avoir calmé le mental, cultivé la qualité du cœur et s'être installé dans une asana contemplative. Une telle éventualité est cependant rare.

Dans le yoga traditionnel - après une période consacrée aux postures préliminaires - nous sommes encouragés à exécuter d'autres pratiques intégrales en association avec celles-ci.

Le mantra yoga est un aspect du Raja yoga (la voie de la prise de conscience psychologique) qui complète l'aspect purement physique des postures. Et les étudiants avisés suivent ceux qui se consacrent à la culture d'une expérience globale et bien intégrée du Yoga.

Malheureusement chaque professeur de yoga n'est pas naturellement enclin à la spiritualité. Mais devrait-ce être une excuse pour ignorer totalement les autres aspects importants du système du Yoga ? Tous les textes ypguiques classiques évoquent la voie complète. Il suffit seulement de lire quelques-uns d'entre eux pour prendre conscience de toute la gamme des exercices compris dans une pratique de Yoga holistique. Même si l'on ne peut s'attendre à ce qu'un professeur soit compétent en tout, il se doit au moins d'offrir à ses étudiants une certaine idée du vaste éventail des techniques yogiques.

Les textes classiques, tels le Hatha Yoga Pradipika ou le Gheranda Samhita, donnent en premier lieu une série d'exercices de nettoyage physique et esquissent les plus importantes asanas. Ceux-ci sont suivis d'observations diététiques, depranayama (contrôles respiratoires), mudras (attitudes psychiques et physiques) et bandhas (verrous psychophysiques du corps), pratyahara (retrait conscient des distractions extérieures), tratakam (regard fixe) et autres exercices psychologiques. Dans certains textes ces pratiques sont connues en tant que Raja Yoga (Voie Royale englobant tout). Les enseignements mènent alors aux expériences supérieures de Laya Yoga (le Yoga de la Transformation). Ceci s'effectue par la pratique du Mantra Yoga ou Nada (le Yoga du Son Subtil). Ces dernières pratiques affinent les processus mentaux en vue des étapes finales de dharana (exercices de concentration), dhyana (pratiques méditatives) et Samadhi (Superconscience = Union = Yoga).

Prenant tout ceci en considération, nous devrions être conscients qu'une pratique intégrale est requise pour développer l'équilibre psychophysique et éveiller le potentiel d'évolution du pratiquant. Les textes présentent le Hatha Yoga comme une base indispensable à la pratique yogique. Mais il y a loin des fondations à l'édifice achevé. L'instructeurde yoga moyen, axé sur le physique, prend rarement en considération la valeur de l'intériorisation lorsqu'il est dans une pose. Il s'attarde davantage sur des « détails techniques élaborés », même s'ils ont leur importance. Dans le yoga traditionnel, les asanas sont un moyen de stabilisation du corps et de l'esprit pour parvenir ensuite aux phases méditatives. Par conséquent, les étudiants profiteraient bien davantage de leur pratique si l'aspect contemplatif de l'asana était souligné dès le début.

Les postures yogiques préparent en fait la voie à un fonctionnement plus libre du système nerveux subtil. Ce système est composé d'un réseau de fines lignes de force appelées nadis ou « canaux » qui opèrent dans le sukshma sharira (le corps subtil - la contrepartie éthérique du corps physique) - connue sous le nom de « champ bioplasmique » dans la recherche médicale avancée. C'est sur ce circuit énergétique « paraphysique » que les anciens yogis restaient méditativement concentrés. Ainsi par clairvoyance certains furent capables de voir le fonctionnement du système des nadis et d'autres purent ressentir les courants subtils. Les yogis avancés furent aptes à déterminer quelle sorte d'énergie était à l'œuvre lorsque le courant activait certains canaux ou centres psychologiques (chakras).

Les Anciens découvrirent que, selon les postures, le flux des énergies dans les nadis changeait. Ceci permettait à certains sons subtils de se manifester dans la conscience. C'est également dans le corps subtil que se produisent les rêves, les pensées et les sons subtils. Ces sons entendus intérieurement (sruti) en venaient donc à être associés à diverses postures : chaque asana engendrant son propre mantra, ou forme sonore protectrice.

Afin de transmettre à leurs disciples ces sons entendus psychiquement, les Maîtres-Yogis les ont vocalises sous forme de sons articulés, connus sous le nom de « bijas » - ou « mantras-germe ». Les sons ainsi créés évoquaient l'effet du sruti originel ou mantras-entendus. Lorsque de tels mantras étaient répétés mentalement durant l'asana, ils renforçaient grandement les courants d'énergie créés par la pose, provoquant une conscience méditative profonde. Ceci à son tour éveillait des siddhis ou pouvoirs psychiques chez le pratiquant. Pour les adeptes avancés, l'asana était, et est toujours, inconcevable sans le mantra. Mais comme les effets combinés de la posture, du mantra et du mudra (attitude mentale) sont tellement puissants, ils ont été tenus secrets et transmis seulement oralement de Maître à disciple.

C'est pour cette raison que la connaissance du pouvoir mantrique est peu comprise dans les cercles yogiques occidentaux. Même en Orient, beaucoup de ces mantras semblent avoir été oubliés. Pourtant, une riche tradition de doctrine et de pratique vivante de mantras survit depuis les temps anciens. Les plus vieilles écritures du monde, les Védas (qui sont en elles-mêmes des sruti-mantras), sont pleines de références au pouvoir et à l'efficacité des mantras. En effet, si l'on devait synthétiser l'un des thèmes majeurs qui se retrouve dans tous les Védas, ce serait : « Pour l'amour de votre âme, pour votre bien-être spirituel et temporel -pratiquez le mantra ! » L'on attribue, au grand Sage de l'Antiquité Adi Shankaracharya, le dicton populaire encore en vogue de nos jours : « Chantez le nom de Dieu ! Chantez le nom de Dieu ! La grammaire et la logique ne vous sauveront pas! »

Le mantra est utilisé en tant que forme de pratique évolutive par ceux qui sont prêts à s'examiner plus profondément. Quel que soit leur niveau, même les débutants peuvent le pratiquer. Tandis que notre connaissance du yoga s'intensifie, l'usage du mantra s'impose. Il est en fait à la fois la base de presque tous les progrès yogiques et l'éveilleur des pouvoirs psychiques. Le Mantra est un aspect important du Raja et du Laya Yoga ainsi que dans la pratique du Tantra Yoga pour les nettoyages spirituel et psychique. Il soutient pas à pas la pratique d'éveil de la kundalini, la force de vie énergético-dynamique en nous.

Sans le réveil de cette énergie psycho-spirituelle, nulle illumination n'est possible. Mais sans avoir pratiqué le mantra auparavant, afin de purifier et de fortifier les canaux subtils le long desquels circule cette énergie, il est insensé et dangereux de tenter d'éveiller la kundalini. Il existe un bon nombre de négociants en yoga sur le marché ésotérique, qui proposent des séminaires pour « l'éveil de kundalini en un week-end ». Mais un tel éveil forcé, sans préparations physique et spirituelle adéquates, peut causer des dommages physiques et psychologiques incalculables. Les symptômes incluent une chaleur qui dessèche ou des frissons glacés, des tremblements violents, la perte du contrôle des membres, de mauvais fonctionnements urinaires et intestinaux et des brûlures corporelles. D'ahurissants événements peuvent être expérimentés dans le corps et l'esprit, entraînant de graves maladies, le délire, la démence ou la mort. L'un des Maîtres Yogis de notre temps, Swami Krpalvanand, dit: « Le pouvoir de Kundalini n'est pas une force à traiter à la légère. Aucun chercheur ne devrait même commencer à la désirer avant que tout son corps ne soit en parfaite forme et purifié par des pratiques yogiques, mantras et développement spirituel. Éveiller la Kundalini avant ceci, c'est courir au désastre.»

Après l'asana, le mantra est requis en tant que méthode sûre et fiable pour renforcer le système des nadis. Pratiquer le mantra est un peu comme appliquer plusieurs gaines plastiques protectrices pour isoler un fil électrique. Quand les gaines sont assez grosses, le fil qui est à l'intérieur peut faire passer un courant plus puissant. Ainsi en est-il avec les filaments psychiques ou nadis. Afin de pouvoir faire passer les puissants courants déclenchés dans la pratique du Kundalini Yoga, ils doivent être fortifiés par l'intonation mantrique.

Mais ceci n'est que l'un des aspects de la protection mantrique. Un autre en est la capacité de purifier les « formes-pensées » négatives au sein du substratum mental. Ce dernier est l'entrepôt des karmas (résultats des actions et des pensées passées) qui affectent constamment notre vie présente. Ils continueront également à nous éprouver dans nos vies futures, jusqu'à ce qu'ils soient neutralisés. Les mantras, la méditation et l'abandon  dévotionnel  à Dieu ou au Guru, sont les méthodes traditionnelles pour une telle neutralisation. La méditation mantrique est la pratique idéale pour purifier l'activité mentale. Les vibrations subtiles du mantra introduisent la lumière jusque dans les plus sombres recoins du subconscient. Même les traumas qui pourraient subsister après des morts effroyables dans des vies antérieures ont souvent été purgés grâce à l'effet nettoyant du mantra sur le corps subtil. Je fus témoin de ce fait de nombreuses fois au cours de mes ateliers. Seul le mantra semble insuffler la force nécessaire pour survivre et récupérer le pouvoir régénérateur afin de triompher du pire des problèmes mentaux.

Pourquoi en est-il ainsi ? Le dernier Siddha Yogi, Swami Muktananda,nous le fait bien comprendre :
« Le nom de Dieu n'est pas différent de Dieu. Un aphorisme du Shivaïsme Cachemirien dit : 'Mantra maheshwara' - 'Le Mantra est le Seigneur Suprême'. Le Mantra a été appelé le corps sonore de Dieu : il est Dieu sous forme de son. Dans la Bhagavad Gita, le Seigneur Krishna dit 'Yajna nam japaya jnosmi' - 'Parmi les rituels, je suis le rituel de la répétition du mantra' (X, 25). Il signifie par là que tandis que d'autres techniques sont des moyens de L'atteindre, le mantra est son être véritable. C'est pourquoi il est si facile d'expérimenter Dieu en répétant le mantra. La répétition mantrique porte ses fruits très rapidement. »

Le Mantra Yoga fut donc prôné comme l'une des formes de pratique les plus puissantes tout au long des siècles. Il est d'ailleurs toujours recommandé avec exubérance, en tant que Voie royale pour la réalisation du Soi, par presque tous les illustres sages contemporains. Ainsi, l'enseignant capable de demander si le mantra est un yoga, semble s'être un tant soit peu éloigné de la vraie tradition yogique. On dit que la Réalisation du Soi Omniprésent est le but du Yoga. En égard à ce qui pécède, peut-on encore se demander si le mantra-yoga est réellement du yoga ?

Bibliographie et références
1- Science of Méditation » Swami Krpalvanand (Patel, Gujaraf).
2 Mystery ofthe Mind » Swami Muktananda (Gurudev Siddha Peeth, 1981)

avec l'aimable autorisation de la revue Infos-Yoga
auteur : Muz Murray

Rencontre exceptionnelle avec Muz Murray le Dimanche 23/01/2011 à Nîmes



Revue Yoga  Dharma
Commentaires : 2|

Il existe 2 Articles pour cette Catégorie :12>>

Le 19 Mars 2024

<<Octobre 2010>>
DLMMJVS
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
26
27
28
29
30
31
Commentaires :
17/11/23 par Akiko
16/10/23 par Glida
20/09/23 par Bien
20/08/23 par Mathilde
20/08/23 par Mathilde
20/08/23 par Mathilde
20/08/23 par Mathilde
18/08/23 par Mireille
24/03/23 par Ave
Non inscrit ?


Un sujet ?
Catégories :
Médecines douces alternatives